Inventaire

• Critères d’organisation de l'inventaire

• Légende

L'inventaire a été établi en langue allemande. Afin d'éviter une traduction complète de toutes les 280 entrées et plus, je vous propose de parcourir la légende, où vous trouverez la plupart des expressions spécifiques et des termes techniques dans les deux langues. Je pense que cela vous permettra de comprendre plus facilement le contenu principal des entrées.

1-2 parties. Perce cylindrique dans tout le tube ou dans la tête et les parties médianes. Flûtes du 16ème et 17ème siècle (flûtes dites « Renaissance »), pour la plupart à parois minces, avec 6 trous pour les doigts et un (petit) trou d’embouchure. Seuls quelques instruments originaux de cette période nous sont parvenus. Ils servaient aussi bien à des fins militaires que civiles et ont été construits en différentes longueurs ou en différents accords et pouvaient être joués en solo, en combinaison avec d'autres instruments ou dans un consort de flûtes (soprano, ténor, basse).

Dans le dernier tiers du XVIIe siècle, les premières flûtes traversières en trois parties (tête, corps et patte) sont apparues avec une tête percée cylindrique, une perce conique pour le corps et la patte sur laquelle a été ajouté un 7ème trou pour le Ré dièse. Ce trou peut être ouvert ou bouché à l’aide d’une clé. A partir de 1720 environ, des flûtes en 4 parties ont été construites, c'est-à-dire que le corps précédent, avec ses 6 trous pour les doigts, a été divisé en deux parties médianes (avec d’une part 3 trous pour les doigts de la main gauche et d’autre part 3 trous pour les doigts de la main droite), ce qui a permis d'utiliser des parties centrales de différentes longueurs. Celles-ci (« corps de rechange ») permettaient d’atteindre différentes hauteurs d’accord.

Vers 1760, les premières flûtes avec des trous supplémentaires - pouvant à leur tour être bouchés au moyen de leurs clés correspondantes - ont été construites en Angleterre. Ceci a permis d’obtenir une sonorité meilleure pour les notes Fa, Sol dièse et Si en supprimant des doigtés de fourches nécessaires auparavant. Les clés de Do et de Do dièse ont été ajoutées peu de temps après sur la patte déjà pourvue depuis longtemps d’un Ré dièse. Celle-ci a dû être allongée en conséquence. Pour les flûtes avec une patte de Ré, les 4 clés comprennent généralement les notes Ré dièse, Fa, Sol dièse et Si bémol. Pour celles à 5-6 clés s’ajoutent celles du Do2 et/ou du Fa long?. Pour les flûtes à 6 clés avec la patte de Do, s’ajoutent le Do dièse et le Do en plus des 4 clés standards.

A partir de 1783 environ, d'autres clés ont été ajoutées aux modèles de flûtes de 4 à 6 clés : une deuxième clé (longue à levier) pour le Fa (sur laquelle on appuie avec le petit doigt de la main gauche (lH4)) et une pour le Do (sur laquelle on appuie principalement avec l'index de la main droite (rH1)). Le concept de cette flûte à 8 clés - désormais généralement pourvue d’une patte de Do - a été poursuivi bien au-delà de l'invention de la flûte „moderne“ par Theobald Böhm (à partir de 1832). Il a cependant souvent été complété par des clés de trilles supplémentaires, des doublures de clés pour des doigtés alternatifs (souvent sous la forme de leviers supplémentaires aux clés exis-tantes) et d’ une extension du registre grave jusqu’au Si, Si bémol, La ou (rarement) Sol.

Avec l'introduction de la flûte Böhm cylindrique vers 1850, certains fabricants ont combiné des tubes cylindriques avec le mécanisme conventionnel à plusieurs clés. Cependant, à quelques exceptions près, cette construction se limitait à de simples flûtes métalliques de fabrication française destinées être utilisées dans les harmonies.

A partir de 1832, Theobald Böhm (1794 - 1881) a développé un nouveau modèle de flûte qui -comparé aux flûtes couramment utilisées à l’époque- visait une puissance sonore plus élevée, un son plus homogène et une meilleure intonation. Böhm y est parvenu avec un nouveau système à clés, qui se compose presque exclusivement de clés ouvertes en ne nécessitant quasi plus de „ doigtés de fourche “. Cela signifie que les trous qui se situent en-dessous du dernier trou bouché restent (pour la plupart) ouverts et permettent ainsi un son puissant et clair. D'autres caractéristiques du système Böhm sont des trous plus grands, et leur positionnement acoustique plus correct et un nouveau doigté pour la main droite (Ré, Mi, Fa, comparé à la séquence précédente Ré, Mi, Fa dièse). Grâce aux anneaux (ou « viroles ») et aux leviers qui sont reliés entre eux par des axes, il est désormais possible d'ouvrir et de fermer les 14 trous à l'aide des 9 doigts disponibles. Böhm a également optimisé la perce, mais l'a d'abord maintenu un tube conique avec une tête cylindrique.

Theobald Böhm a vendu son atelier à son ancien collaborateur Rudolph Greve (1806 - 1862) en 1839, et s’est tourné ensuite pendant plusieurs années vers d'autres sujets (dont le développement du procédé amélioré de la fusion du fer). A partir de 1845, il s’est à nouveau consacré à la flûte conique à clé, afin d’en corriger certaines faiblesses (Système 1832). Après de nombreuses expériences et calculs acoustiques - avec le physicien C. E. Schafhäutl - Böhm a transformé la perce conique du tube en une perce cylindrique et a modifié celle de la tête en une perce parabolique ; en outre, il a recalculé, entre autres, la position et le diamètre des trous. De plus, Böhm a prôné à ce moment l'utilisation du métal au lieu du bois tout en continuant à construire des instruments en bois. En 1847, il a commençé la production de ce nouveau modèle de flûte sous son propre nom. En 1854, l'horloger Carl Mendler (1833 - 1914) est entré dans l'entreprise en tant que collaborateur ; ils sont devenus associés en 1862. L’atelier nouvellement renommé Böhm & Mendler a été en activité jusqu'en 1888.

Les modèles de Böhm ont également été construits à l'extérieur de son propre atelier de Munich. La même année, il a accordé des licences pour son modèle cylindrique breveté de 1847 à la Société Godfroy fils et Lot à Paris et à la manufacture londonienne Rudall & Rose (devenue Rudall Carte & Co). Plus tard, une grande variété de facteurs de flûtes en Europe et en Amérique ont adopté le système Böhm, qui s'était imposé dans les différents pays à des vitesses différentes, mais dès le premier tiers du XXe siècle, il s'était établi dans le monde entier et est fondamentalement resté inchangé jusqu'à ce jour. Sauf indication contraire, toutes les flûtes-Böhm sont cylindriques, en trois parties (tête, avec une longue goupille comme coulisse d'accord intégrée, corps, patte) et comprennent au moins 15 clés (en incluant les clés de trilles pour le Do/Ré + Do dièse/Ré et Do dièse/Ré dièse) sur les axes, ainsi qu'un levier supplémentaire pour le Si ou le Si bémol. Les plateaux sont bouchés ou ouverts. La clé du Si, pour le pouce, est équipée d’un levier supplémentaire pour le Si bémol. La clé du Sol se trouve en ligne droite avec les autres clé (= Sol « en ligne »), ou légèrement décalé vers l'extérieur (= Sol décalé). La clé du Sol dièse est ouverte ou fermée (avec un trou supplémentaire), ou sur un axe externe séparé avec un mécanisme d'ouverture spécial). Les écarts par rapport à ce schéma de base sont spécifiquement répertoriés.

Les détails concernant le numéro de série ou l'année de fabrication sont tirés des livres d’atelier incomplets de L. Lot et de ses successeurs, et partiellement aussi de Tula Giannini, Great Flutmakers of France, The Lot and Godfroy Families 1650 - 1900 ; Tony Bingham, Londres 1993.

Le nouveau système de Theobald Böhm s'est heurté à une résistance considérable à certains endroits. Alors que certains déploraient que le nouvel instrument ait perdu sa „vraie“ sonorité douce de flûte, d'autres lui reprochaient surtout son nouveau système de doigté. Pour contrer ces dernières réserves de la part de leurs clients, les fabricants de flûtes innovants - pour la plupart eux-mêmes flûtistes - ont développé des systèmes de clés alternatifs qui conservent autant que possible les doigtés familiers de la flûte classique à plusieurs clés sans renoncer aux dernières nouveautés du système Böhm, à savoir le son fort et homogène de la perce cylindrique ainsi que la taille et la position des trous. C'est surtout Richard Carte (1808 - 1891) qui avec sa société Rudall Carte & Co. a conçu et commercialisé divers modèles „ hybrides “. D'autres fabricants de flûtes se sont accrochés à la perce conique et ont, par exemple, mis au point la „flûte réforme“, alors que certains de leurs collègues cherchaient des possibilités d'amélioration dans d'autres directions. L'histoire montre cependant que le système Böhm de 1847 a finalement prévalu et est resté pratiquement inchangé jusqu'à ce jour.

La flûte tierce en Mi bémol est une tierce plus haute que la flûte en Do habituelle. C’est un instrument transpositeur. Les premières flûtes tierces à une clé de perce conique ont été fabri-quées par le célèbre luthier de Nuremberg Jacob Denner vers 1720. La flûte tierce a reçu elle aussi des clés supplémentaires au XIXe siècle. Des instruments individuels ont également été construits sous la forme de cannes « canne-flûte » (voir 2007-197). Des flûtes tierces ont également été construites selon les systèmes de Theobald Boehm de 1832 (perce conique, voir 2005-195) et de 1847 (perce cylindrique). Cependant, la flûte tierce ne pouvait guère s'imposer comme instrument soliste ; le nombre de compositions originales est donc faible. Elle a joué son rôle le plus important au 19ème siècle dans les orchestres militaires, la musique d'harmonie et les orchestres de flûtes irlandais.

Source : Peter Thalheimer, La flûte en mi bémol. Construire l'histoire, le répertoire et la pratique du jeu. Musica instrumentalis Volume 3, Nuremberg 2001

Les cannes-flûtes étaient très en vogue au XIXe siècle, surtout en Allemagne, en Autriche et en Angleterre. Elles ont permis au galant gentleman de véritablement transformer un bâton de marche en instrument de musique. Par exemple, des cannes avec flûte traversière, flûte à bec/clarinette ou violon intégrés sont connues. Des instruments « de marche » particulièrement sophistiqués ont même été équipés de plusieurs instruments, de gadgets supplémentaires (par exemple des télescopes) ou de clés conçues comme des noeuds du bois.

Le terme piccolo ne s'est établi en France qu'au début du XIXe siècle. Il signifiait la „ petite flûte à l'octave “, qui est apparu vers 1700 comme la „ petite sœur “ de la flûte traversière conique à clé unique qui venait de naître à la cour de Louis XIV. A partir de 1730, le piccolo conique à une clé est de plus en plus considéré dans la musique française et, vers la fin du siècle, remplace le traditionnel fifre sans clé à l'armée française. Le piccolo a suivi le développement progressif de la grande flûte pour en faire un instrument à clés multiples et aboutir finalement au système Böhm, mais certains cercles folkloriques adhèrent encore consciem-ment à leurs modèles historiques.

Source : Ulrich Halder, Schwegel, Zwerch- und Schweitzerpfeiff - un bref historique de la courte flûte. Glareana Numéro 1/2, Bâle 2009 ( p. 4 - 28) en allemand

Les désignations des flûtes jouées de travers ne sont pas uniformes et diffèrent selon l'âge, la région linguistique et l'utilisation prévue. Aujourd'hui, que les flûtes soient à perce cylindrique ou conique, mais du moins étroitement percées, sans clé, en une ou deux parties, sont communément appelées fifres. Leurs origines remontent au Moyen-Âge, où ils servaient, le plus souvent en étroite collaboration avec le tambour, à divertir, motiver et discipliner les troupes militaires (marches, batailles, camps militaires), mais aussi à accompagner des cérémonies religieuses et officielles (processions, défilés), des événements sociaux (danse) ou à faire de la musique ensemble (‘Schwegeln', par exemple, dans les Alpes de l'est). Même si aujourd'hui le simple fifre a été remplacé à de nombreux endroits par la flûte piccolo à clés, la « petite flûte » ne nie toujours pas son origine militaire-cérémoniale et continue - avec les tambours et autres instruments de percussion - à cadencer le pas et à garder l’ambiance des fanfares allemandes, des défilés du carnaval de Bâle, des corps de fifres et tambours américains, des groupes de flûtes irlandaises ainsi que les groupes de cornemuses dans différentes cultures populaires.

Les flûtes dans un registre grave sont connues sous différents noms et dans différents accords depuis la Renaissance. Aux XVIIIe et XIXe siècles, le Flauto d’amore ( « la flûte d’amour » ) était populaire comme instrument d'ensemble accordé en La ou Si bémol. Ces instruments avaient une perce conique et avaient une ou plu-sieurs clés. La flûte alto cylindrique en Sol, couramment utilisée aujourd'hui, doit son existence à Theobald Böhm, qui a commencé à la construire après l'invention de sa flûte en Do (1847) et l'a mise pour la première fois sur le marché en 1858. L'instrument de Boehm correspondait en grande partie au concept de sa flûte traversière en Do, quoique dans des dimensions plus grandes (p. ex. diamètre du tube 26 mm, trous 19,3 mm). Ses flûtes d'alto étaient construites en métal ou en bois, mais seulement en petit nombre. Son concept de flûte alto cylindrique a ensuite été adopté par de nombreux fabricants de flûtes, mais surtout avec une mécanique plus conventionnelle et des diamètres de tubes plus petits. L’entrepris Rudall Carte a également produit l'instrument dans différents systèmes de clés. Les flûtes basses en Do - elles transposent une octave plus bas/basse que la flûte en Do „normale“ - ont déjà été décrites par Agricola (1528) et Mersenne (1637) ; plusieurs exemples du XVIIIe siècle ont survécu, on dénombre ainsi celles de Beuker, à Amsterdam et des facteurs français Thomas Lot et Charles Delusse. En 1910, le flûtiste milanais Abelardo Albisi a construit une flûte basse avec le système Böhm. Elle était jouée verticalement pour mieux tenir l'instrument lourd, dont la tessiture allait jusqu’au Si bémol grave. Cet „ albisiphone “ à la sonorité proche de celle du cor a été utilisé dans certains opéras italiens au début du XXe siècle, mais il a rapidement complètement disparu. Les flûtes basses d'au-jourd'hui, malgré leur poids considérable, sont généralement jouées de manière conventionnelle c’est-à-dire de travers. L'instrument est princi-palement utilisé dans les ensembles; le répertoire solo n'existe que chez les compositeurs contemporains, souvent à caractère expérimental et utilisant des moyens électroniques pour des effets spéciaux.